K´enk´u
Oiseau surnaturel ressemblant à la grue
K´enk´u est un oiseau surnaturel ressemblant à la grue que l’on méprend souvent pour un Huxwhukw. Tous deux ont un bec long et étroit et tous deux se nourrissent de cervelle humaine. Bien que d’aspect semblable ces deux oiseaux sont bien distincts dans les cérémonies du potlatch. Le droit de montrer le masque, le chant et la danse de K´enk´u est un privilège particulier et les masques de ce type sont rares.
Propriétaire
Hiłamas, Ned Alvin Innis, ’Namgis (Alert Bay)
Données du catalogue
Matériaux
Bois, cèdre rouge; fibre, ficelle de coton; peinture, naturelle et commerciale; verre
Dimensions
30,0 cm x 33,5 cm x 93,0 cm
Numéro d’inventaire
80.01.025
Description matérielle
Le K´enk´u est un oiseau surnaturel originaire des cieux. Il s’agit d’une espèce rare de Huxwhukw, l’oiseau surnaturel semblable à la grue. Il est doté d’un long et mince bec noir au bout arrondi, de narines minutieusement évasées, d’un nez à l’arête étroite, de gros yeux ronds souvent incrustés de miroir et d’une grande tête couverte d’un plumage duveteux blanc. De sa tête pendent parfois des crânes sculptés ou des têtes humaines. K´enk´u a l’apparence d’une grue et on le confond souvent avec le Huxwhukw. Il dispose de sa propre cérémonie qui n’est pas en lien avec la confrérie Hamat´sa; il apparaît plus tard dans le cérémonial de l’écorce de cèdre rouge, le T´seka. Le comportement de cet oiseau ressemble à celui du Huxwhukw en cela qu’il fend aussi les crânes de ses victimes et en mange la cervelle ainsi ouverte. K´enk´u a un long bec noir dont les fines lèvres souvent peintes en rouge signifient son désir de chair humaine et de sang. Ses narines évasées symbolisent aussi son caractère sauvage et l’état de quasi-frénésie que de nombreuses créatures de la culture kwakwaka’wakw telles que K´enk´u atteignent lorsqu’ils mangent de la chair humaine.
Les miroirs des yeux ajoutent à l’effet dramatique de l’apparition de ce masque dans la maison cérémonielle. Le dessous de la mâchoire inférieure présente un visage humain doté d’une grande bouche ouverte qui est creusée pour servir peut-être de grand trou de vision au danseur. La bouche forme également une ouverture pour le son d’un sifflet spécial imitant le bruit de cet oiseau. La mandibule articulée est attachée lâchement et une ficelle permet d’ouvrir et de fermer le bec d’un coup sec. Les couleurs d’origine de ce masque sont principalement le noir et le rouge et il s’agit semble-t-il de pigments naturels : le noir serait mélangé à du graphite. Le rouge à l’extérieur des lèvres a été repeint; il s’agit de peinture commerciale, tout comme l’est le blanc. Ces deux couleurs – en particulier le blanc – semblent être un ajout postérieur. Beaucoup de masques anciens étaient ainsi repeints pour raviver leurs couleurs et les rendre plus visibles à la lueur du feu des maisons cérémonielles d’antan.
La partie du masque qui forme la tête comporte de nombreux clous dépassant légèrement; ils retenaient semble-t-il à l’origine des peaux couvertes de plumes. D’après les masques de K´enk´u dans d’autres collections, ces oiseaux ont généralement sur leur crâne un plumage souvent blanc ou brun clair. Ce masque comporte une vieille étoffe de coton servant à cacher la tête du porteur, elle fut probablement ajoutée à la hâte pour pouvoir utiliser le masque après la chute des plumes d’origine. Un fragment de plume blanche est encore retenu au tissu par un clou, confirmant que des plumes étaient auparavant bien cousues dessus.