De toutes les danses des Kwakwaka’wakw, le Hamat´sa est considéré comme étant la plus importante. Le droit d’exécuter cette danse appartient à certaines familles dont les membres sont possédés génération après génération par Baxwbakwalanuksiwe’, l’esprit surnaturel mangeur d’hommes. La danse met en scène la capture, le retour et l’apaisement de l’initié.
Bien que beaucoup de familles possèdent le Hamat´sa, il n’est pas inhabituel de voir des différences dans la manière de l’exécuter. Ces spécificités dépendent des privilèges et des traditions de chaque famille. Certaines familles ont le droit d’utiliser des chants, des masques et d’autres insignes auxquels d’autres familles n’ont pas droit. Certaines familles ont coutume de danser différemment des autres. Il faut garder à l’esprit qu’il n’existe pas de « bonne façon » d’exécuter nos danses. Les familles qui dansent différemment de la façon de faire de votre famille ne se trompent pas forcément. Ils ne font qu’exécuter la danse suivant leur propre tradition familiale.
L’initiation du Hamat´sa
La cérémonie d’initiation du Hamat´sa a beaucoup changé. Autrefois, les initiés se trouvaient possédés par l’esprit mangeur d’hommes et ils passaient jusqu’à quatre mois dans les bois, retournant aux abords du village pour crier « Hap! Hap! » (ce mot a à voir avec le mot « manger »). Quand le possédé rentrait au village, les guérisseurs de la confrérie des Hamat´sa le capturaient et ils entamaient le processus d’apprivoisement et d’apaisement du nouvel initié Hamat´sa.
Après les chants de deuil, on entend les madzis (sifflets) retentir continuellement. Le bruit provient de derrière l’écran de danse situé à l’arrière des chanteurs, ou il peut sembler venir de l’extérieur de la maison cérémonielle, voire même de l’aire de danse. Le début des sifflements indique que la cérémonie Hamat´sa a commencé. Le son des sifflets représente, dit-on, le bruit de Baxwbakwalanuksiwe’ se déplaçant à travers les bois. Il a tellement de bouches sur son corps que quand il marche, elles produisent un son semblable aux sifflets que l’on entend.
De nos jours, l’initié Hamat´sa entre par la porte avant. Il porte un collier, une jupe, des bracelets, des chevillères et une coiffure en branches de pruche de l’ouest. Son Hiligaxste’ (son auxiliaire féminine) le précède dans la maison et elle porte elle aussi des branches de pruche. Elle aide à apprivoiser et apaiser le Hamat´sa. L’initié parcourt l’aire de danse entouré d’assistants maniant des hochets. Le bruit de ces hochets aide à calmer le nouvel Hamat´sa. Les assistants lui enlèvent son accoutrement en branches de pruche et l’habillent d’insignes en écorce de cèdre. Autrefois, seul le Hamat´sa portait des insignes d’écorce de cèdre complètement teinte en rouge. Son accoutrement d’écorce de cèdre comprend deux colliers, une jupe, des bracelets, des chevillères et une coiffure. Ainsi vêtu, il se met à danser autour du feu qui brûle au milieu de l’aire de danse. Trois chants sont entonnés pour lui avant qu’il ne s’excite à nouveau : retenu par ses assistants, il fait alors le tour de l’aire de danse en criant « Hap! Hap! » (ce cri s’appelle le xwasalił), puis il sort par le rideau de danse. On entend alors le claquement des becs en bois des Hamsamł – les oiseaux mangeurs d’hommes, auxiliaires de Baxwbakwalanuksiwe’.
Le Hamsamala
Le Hamsamala (la danse des masques Hamat´sa) est le troisième acte de la cérémonie Hamat´sa. Le nombre et le type de masques qui sont montrés dépendent des droits que possède chaque famille. On peut y voir le Huxwhukw (un oiseau au long bec), le Galukwamł (masque au bec crochu) et le Corbeau (l’oiseau avec un bec recourbé plus petit). Le corps des danseurs qui portent ces masques est recouvert d’écorce de cèdre déchiquetée de couleur mi-écrue, mi-teinte en rouge. Les danseurs se rendent successivement aux quatre coins de l’aire de danse. Ils suivent attentivement le rythme du grand tambour que battent les chanteurs. À un moment donné du chant, les danseurs font claquer le bec des masques et crient « Hap! Hap! Hap! Hap! » C’est un incident très grave lorsque deux masques entrent en collision sur l’aire de danse, les danseurs et leurs assistants font donc très attention.
L’acte final de l’initiation du Hamat´sa débute par le retour de l’initié qui hurle son xwasalił une dernière fois. Il court autour du feu, tourne puis repart derrière l’écran de danse. Il réapparaît et danse une ultime fois. Cette fois il est plus calme et il porte une couverture à boutons ou une couverture en peau d’ours décorée d’écorce de cèdre déchiquetée et de crânes. Il est précédé par son Hiligaxste’. Après qu’ils ont fait une fois le tour de l’aire de danse par eux-mêmes, ils sont rejoints par les autres initiés Hamat´sa de la famille et ceux d’autres tribus, tous vêtus de leurs insignes de Hamat´sa apprivoisé. Leur accoutrement se compose par exemple d’une coiffe sculptée, d’une couverture, d’un tablier et d’un collier. Les autres initiés rendent ainsi hommage au nouvel Hamat´sa.