Potlatch

P´asa – « donner » en Kwak´wala

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Niveau scolaire : 4e et 5e années (adaptable aux niveaux primaires et intermédiaires)

Activité : les élèves découvriront le potlatch kwakwaka’wakw et sa prohibition

Durée prévue : 3 périodes

Résultats d’apprentissage prescrits :

  • Exercice des pouvoirs
    • C2 Expliquer l’effet de l’autorité du Canada sur les droits des peuples autochtones
  • Identité, société et culture
    • B3 Décrire les conséquences des premiers contacts entre les sociétés autochtones traditionnelles et les explorateurs et colons européens
  • A2 Utiliser des cartes et des tableaux chronologiques pour situer, interpréter et représenter les principales caractéristiques physiques, politiques et économiques de la C.-B. et du Canada
  • C3 Décrire les structures distinctes des systèmes de gouvernement des Premières Nations du Canada

Ressources nécessaires

Sections du site Web contenant les informations, photographies et extraits vidéo pertinents :

Fiches de support de cours :

Extraits audio :

Extraits vidéo :

Contenus en kwak´wala :

Vocabulaire

Kwakwaka’wakw - peuple de langue kwak´wala, qui vit sur la Côte Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, au nord de l’île de Vancouver et sur la côte continentale adjacente et qui se compose de 18 tribus possédant chacune leur propre récit d’origine.

Maya’xala - traiter convenablement quelqu’un ou quelque chose, le mot qui s’en rapproche le plus en français est « respect. » Il s’agit d’un respect pour tous les êtres vivants, humains, animaux ou végétaux, pour toute chose et pour soi-même.

P´asa (potlatch) - don; cérémonie au cours de laquelle un chef présente l’histoire de sa famille.

Nawalakw - esprit surnaturel.

Gukwdzi - maison communautaire. Grande bâtisse en bois habitée par plusieurs familles nucléaires appartenant à la même famille étendue et placées sous l’autorité d’un même chef. Le bâtiment est déblayé et réagencé en vue des cérémonies (on parle alors de maison cérémonielle).

Dzaxwan - poisson-chandelle, aussi appelé eulachon. C’est un petit poisson ressemblant à l’éperlan. Riche en huile, il vit en mer et remonte les rivières pour se reproduire.

T´łi'nagila - distribution d’huile de poisson-chandelle à l’occasion d’un potlatch de graisse.

Période 1 – Qui sont les Kwakwaka’wakw?

Avant d’entamer le cours, expliquez à la classe que vous allez étudier un groupe de personnes des Premières Nations habitant la Côte Nord-Ouest du Canada et possédant des histoires, des croyances et une culture propres qui les rendent singuliers dans la société canadienne. Cette première leçon initiera les élèves aux Kwakwaka’wakw en abordant leur propre perspective sur eux-mêmes et sur leurs origines. Il faut souligner que les Kwakwaka’wakw appellent histoire orale ce que la société occidentale qualifie de légendes ou des mythes autochtones car ils ne possédaient pas de système d’écriture avant le contact avec les Européens. Faites bien comprendre aux élèves qu’au commencement de ce monde, à l’époque la plus ancienne de notre histoire, les animaux avaient le pouvoir de se métamorphoser et de passer d’une forme animale à une forme humaine. Il s’agissait d’une époque emplie de nawalakw, d’esprit surnaturel.

Kwakwaka’wakw signifie « peuple parlant kwak´wala. » Avant le contact il y avait 24 tribus, chacune possédant son propre récit d’origine. De nos jours, on dénombre 18 nations qui continuent toutes de pratiquer leurs traditions et leurs cérémonies.

Débutez le cours en expliquant aux élèves que chaque nation kwakwaka’wakw possède sa propre tradition orale relatant comment ils en sont venus à vivre dans leurs territoires respectifs. Montrez-leur ensuite les deux récits d’origine des ‘Namgis. Le premier parle de la rivière Gwa’ni dans l’extrait vidéo intitulé Comment Gwa’nalalis devint une rivière. Vous trouverez également cette histoire dans SDC 1A - Récit d’origine ‘Namgis. Le second extrait vidéo, intitulé Récit d’origine des ‘Namgis, évoque les créatures surnaturelles qui furent parmi les premiers hommes à vivre sur les rives de la rivière Gwa’ni.

À l’aide de SDC 1B - Le territoire kwakwaka’wakw, localisez le territoire kwakwaka’wakw et la rivière Gwa’ni (ou rivière Nimpkish) et expliquez qu’en des temps surnaturels ce fleuve était, croit-on, un homme, Gwa’nalalis. Il convient d’introduire dans la discussion le fait que les habitants de cette terre croyaient en l’interdépendance de tous les êtres vivants et des mondes terrestres, marins, célestes et spirituels.

Pour clore cette période, demandez aux élèves de réfléchir collectivement à tout ce qu’ils savent désormais au sujet des Kwakwaka’wakw et inscrivez leurs réponses (conservez cela pour comparer à la fin de cette unité d’apprentissage ce qu’ils savaient au début et ce qu’ils en ont appris).

Période 2 – Présentation du P´asa (potlach), hier et aujourd’hui

Écrivez au tableau les questions suivantes : « À votre avis, que signifie P´asa? Selon vous, qu’est-ce que c’est? » Écrivez quelques-unes de leurs idées. Regardez avec eux les extraits vidéo Pourquoi nous organisons des potlatchs et Potlatch signifie donner, écoutez aussi l’extrait audio Potlatch signifie donner. Cette importante cérémonie était le moyen par lequel ce groupe de personnes documentait les événements importants au cours de la vie d’un chef et montrait l’histoire de leurs familles.

« Autrefois, les Kwakwaka’wakw cherchaient continuellement à donner un sens et un but à leur existence, […] ils [les ancêtres] exprimaient cela par le chant et les rituels, la danse et les cérémonies, souvent à travers l’usage de masques. » - le chef Bobby Joseph

Après visionnage et écoute des extraits vidéo et audio, discutez avec les élèves de ce qu’ils ont vu et entendu : « en quoi est-ce différent de la façon dont nous documentons de nos jours les événements que nous vivons? » Prenez l’exemple d’une personne recevant un nom, ou celui d’une famille d’aujourd’hui racontant ses origines. « En quoi les façons d’être des Kwakwaka’wakw sont-elles différentes de ma façon d’être ou de la tienne? »

Terminez la leçon avec SDC 1C - Pourquoi organiser des potlatchs? Cette feuille d’exercices comporte une liste de raisons pour lesquelles les Kwakwaka’wakw organisent des potlatchs. Demandez aux élèves de la lire et de choisir les bonnes réponses aux questions. Les élèves rédigeront leurs réponses pour montrer qu’ils ont compris pourquoi les potlatchs ont lieu.

Concluez la leçon avec l’extrait vidéo T´łi’na. Il est essentiel que les élèves sachent que les Kwakwaka’wakw continuent aujourd’hui, en 2014, à pratiquer leurs traditions – les chants, les danses, les passations de noms – que leurs prédécesseurs et leurs ancêtres pratiquaient depuis la nuit des temps.

Informations complémentaires sur le T´łi’na : L’art de l’extraction de l’huile

« Mon grand-père me disait que la graisse était notre rayon de soleil hivernal, » se souvient le chef Arthur Dick Jr. Durant des siècles, l’huile (appelée T´łi’na) extraite d’un petit poisson très gras (le poisson-chandelle) constitua une denrée de base du régime alimentaire des peuples parlant kwak´wala, les Kwakwaka’wakw. Le poisson-chandelle se consomme frais, séché, fumé ou transformé en t´łi’na, une huile très nourrissante et à haute teneur énergétique.

Le T´łi’na (prononcé « tli-na ») était traditionnellement conservé dans des boîtes en bois plié imperméables ou dans des tubes de varech (une algue) qui en rendaient le transport et le commerce plus aisés. Les Kwakwaka’wakw étaient réputés produire l’huile la plus savoureuse et ils exploitaient un vaste réseau de sentiers de troc appelés chemins de la graisse, pour échanger leur T´łi’na à travers la côte et avec les peuples de l’intérieur.

Le t´łi’na joue un rôle important dans la cérémonie du potlatch par laquelle un chef élève son statut en distribuant ses richesses. Le don de T´łi’na est la plus grande marque de respect qu’un chef puisse faire à un autre chef. Lors d’un potlatch de graisse, l’hôte distribue d’énormes quantités de ce précieux liquide. La famille organisatrice verse aussi du t´łi’na sur le feu pour affirmer son grand prestige de manière spectaculaire.

Les poissons-chandelle étaient autrefois abondants, mais à cause de la destruction de leur habitat leur population a dramatiquement diminué depuis les années 1990. Ce déclin constitue une perte terrible pour notre écosystème, mais c’est aussi une perte culturelle immense. De nombreuses Premières Nations côtières ont dû faire face à une disparition complète des poissons-chandelle de leurs rivières et elles ne peuvent plus pratiquer la tradition multiséculaire de la fabrication du t´łi’na.

Faire du t´łi’na

L’extraction du t´łi’na se fait en plusieurs étapes s’étalant sur un mois environ. Une fois les poissons pêchés au filet, ils sont déversés dans des fosses et laissés là de six à quinze jours, selon les préférences de la famille. Les poissons sont alors transvasés dans des cuves pleines d’eau qui sont maintenues précisément entre 140 et 145 degrés pour permettre à l’huile de remonter à la surface. De grandes perches servent à soulever et remuer les carcasses pour en détacher le plus d’huile. On collecte l’huile montée à la surface avec des écumoires. Enfin, l’huile est filtrée plusieurs fois à travers des toiles à fromage et recueillie dans des seaux puis elle versée et conservée dans des bouteilles.

Période 3 : la prohibition du potlatch

À la fin du 19e siècle, le gouvernement canadien considérait que les traditions autochtones empêchaient les Premières Nations de devenir « civilisées. » Percevant la culture autochtone comme une menace, le gouvernement fit voter une loi pour interdire les cérémonies du potlatch. Un décret contre le potlatch fut signé en 1883; la prohibition prit force de loi au 1er janvier 1885. Elle déclare :

« TOUT INDIEN OU TOUTE AUTRE PERSONNE QUI ORGANISE OU PARTICIPE À LA CÉLÉBRATION DU FESTIVAL INDIEN APPELÉ « POTLATCH » OU À LA DANSE INDIENNE « TAMANANAWAS » SE REND COUPABLE D’UN DÉLIT PASSIBLE D’UNE PEINE D’EMPRISONNEMENT... »

Les cérémonies du potlatch furent interdites durant plus de 60 ans. Au cours de cette période, de nombreux autochtones furent arrêtés; certains furent inculpés pour avoir dansé. Les potlatchs continuèrent quand même, mais en secret. Barb Cranmer est une Kwakwaka’wakw de la nation ‘Namgis. La famille Cranmer perpétue les traditions du potlatch depuis des générations, ceci malgré la loi. Durant les fêtes de Noël 1921, Dan Cranmer, le grand-père de Barb, offrit le plus grand potlatch jamais rapporté sur la côte Nord-Ouest de Colombie-Britannique. Ce potlatch est surtout connu parce que 45 participants furent arrêtés par après. Ils durent choisir entre céder leur attirail de potlatch – pour les empêcher d’organiser d’autres potlatchs – ou aller en prison. Vingt-deux d’entre eux choisirent la prison.

Le potlatch, et tout ce qui y est associé – chants, danses, masques, couvertures, discours – définissaient l’identité des Kwakwaka’wakw. « Ce fut une période sombre pour notre peuple, » déclare Barb. « Les gens éprouvaient une grande confusion. Ils se demandaient pourquoi cela leur arrivait alors qu’historiquement nous avions toujours vécu ainsi. »

Engagez la discussion sur ce que signifie une prohibition : « Comment vous sentiriez-vous si on vous interdisait de faire quelque chose qui occupe une place importante dans votre quotidien? » Demandez-leur pourquoi le potlatch fut interdit. Selon eux, était-ce une bonne loi? Demandez-leur d’argumenter.

Passez en revue les masques de la collection du potlatch et choisissez-en un à étudier en détails. Vous trouverez des extraits vidéo de certains masques en train d’être dansés. Les élèves peuvent faire un dessin du masque choisi et expliquer à l’écrit comment le masque est utilisé dans la vidéo. Rappelez aux élèves qu’il fut un temps où ces masques servaient dans d’importantes cérémonies, avant que le gouvernement ne fasse voter une loi disant qu’on ne pouvait plus les utiliser; des anciens furent envoyés en prison parce qu’ils refusèrent de céder leurs masques et leurs attirails.